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Chaque pays concerné : L’industrie du tabac a utilisé la pandémie de COVID-19 pour augmenter son influence auprès des gouvernements de 80 pays

Les groupes de la société civile constatent une nette augmentation du lobbying et des dons de l’industrie

FR: Global Index 2021 Launch

L’Indonésie, le Japon, la Suisse et la République dominicaine sont les moins à même d’empêcher l’ingérence de l’industrie ; le Botswana, le Chili, l’Inde et l’Espagne font partie des pays qui progressent.

New York, le 2 novembre 2021 – Un nouveau rapport de l’organisme de surveillance de l’industrie du tabac STOP révèle que l’industrie du tabac a saisi la pandémie de COVID-19 comme une opportunité de gagner en influence, de s’ingérer dans les politiques de santé vitales et d’obtenir un traitement préférentiel. Les rapports d’organisations de la société civile dans 80 pays, analysés dans l’indice mondial d’ingérence de l’industrie du tabac de 2021, montrent qu’aucun pays n’était à l’abri des efforts de l’industrie pour utiliser le lobbying et les dons (souvent liés à la réponse à la pandémie) à son avantage.

« Le comportement de l’industrie du tabac pendant la COVID-19 n’a pas été le même qu’à l’accoutumée — cette recherche suggère qu’il a été bien pire par son ampleur et son impact », a déclaré Mary Assunta, PhD, responsable de la recherche mondiale et du plaidoyer pour le Global Center for Good Governance in Tobacco Control, partenaire de STOP et auteur principal de l’indice. « Au milieu d’une pandémie, la santé devrait être la principale considération dans toutes les décisions politiques, mais elle a souvent été mise de côté au profit des intérêts commerciaux de l’industrie. Là où la politique n’est pas bien protégée, davantage de vies seront perdues à cause du tabac. La reprise économique post-COVID peut être affectée, avec des coûts de santé plus élevés et potentiellement moins de recettes fiscales pour financer la reprise. »

Pendant la pandémie, de nombreux gouvernements manquaient de ressources de santé publique. Pendant que certains, comme le Botswana, l’Espagne, le Chili et l’Inde ont intensifié leurs efforts pour protéger la politique de santé, d’autres ont accepté les dons ou le lobbying de l’industrie du tabac. Les augmentations des taxes sur le tabac, par exemple, ont été retardées et l’industrie a pu ouvrir de nouveaux marchés pour les produits électroniques. Parmi les pays mentionnés dans le rapport de l’Indice 2021, 18 ont amélioré leur façon de se protéger de l’influence de l’industrie tandis que 31 ont vu leurs efforts s’amenuiser.

Parmi les conclusions du nouveau rapport figurent les faits suivants :

  • Aucune région n’est à l’abri. Au sein de chaque région, il existe des différences significatives dans les scores entre les gouvernements les plus performants et les moins performants.
  • À l’échelle mondiale, le Brunei, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni occupent le meilleur rang général, bien qu’ils aient été confrontés à des tentatives accrues de l’industrie pour influencer leurs politiques.
  • Bien que le tabac soit un produit addictif et nocif, au moins dix gouvernements ont jugé que l’industrie du tabac et les cigarettes étaient « essentielles » pendant la pandémie ou qu’elles constituaient un élément vital de leurs efforts de relance économique, notamment le Bangladesh, le Brésil, la Jordanie, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou et le Soudan.
  • Les pays qui n’ont pas signé le traité mondial, la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), sont confrontés à des niveaux élevés d’ingérence de l’industrie. Il s’agit notamment de l’Argentine, de la République dominicaine, de l’Indonésie, de la Suisse et des États-Unis
  • L’activité de l’industrie était liée aux retards dans la mise en œuvre des lois antitabac dans des pays comme la Bolivie, l’Éthiopie, la Géorgie, le Guatemala, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Turquie et la Zambie. L’Afrique du Sud a fait l’objet de poursuites judiciaires pour avoir tenté de limiter les ventes de tabac pendant la pandémie.
  • L’industrie a réussi à faire pression sur les gouvernements pour vendre de nouveaux produits dans des pays comme l’Égypte, le Kenya, le Liban et l’Espagne.
  • Au moins 11 pays qui ont reçu des dons ont compromis la taxation des produits de l’industrie, notamment l’Argentine, la République tchèque, l’Indonésie, la Malaisie, le Myanmar, le Pakistan, le Paraguay, la Pologne, la Tanzanie, la Turquie et la Zambie.
  • Au moins six pays qui interdisent ou restreignent les activités de responsabilité sociale des entreprises (RSE) liées au tabac, ont toujours accepté les dons de l’industrie pendant la pandémie, notamment le Kenya, le Myanmar et les Philippines.

L’utilisation par l’industrie du tabac des dons RSE qui ciblent la riposte à la pandémie contraste directement avec l’importance d’arrêter l’usage du tabac. Depuis le début de la pandémie, des études indépendantes ont montré que les fumeurs sont plus susceptibles de développer une COVID-19 sévère que les non-fumeurs. La consommation de tabac est un facteur de risque connu pour une gamme de maladies chroniques qui exposent également les personnes à un risque accru de COVID-19.

Résister à l’influence de l’industrie

L’indice met en évidence les progrès réalisés dans 18 pays depuis le dernier rapport et dans les pays nouvellement introduits dans l’indice cette année. Le Botswana a publié sa loi antitabac, limitant l’interaction entre le gouvernement et l’industrie du tabac et interdisant les partenariats avec l’industrie et offrant des incitations à celle-ci. La nouvelle loi s’applique à l’ensemble du gouvernement, établissant une norme à adopter pour le reste du monde.

En Inde, le ministère de la Santé et du Bien-être familial a adopté un code de conduite visant à prévenir l’ingérence de l’industrie et les conflits d’intérêts entre les fonctionnaires et tous les départements relevant de la compétence du ministère.

Et l’Espagne s’est efforcée de réduire les interactions entre les représentants du gouvernement et l’industrie du tabac et la participation des représentants du gouvernement aux activités de RSE de l’industrie. Les efforts de l’Espagne ont également été renforcés parmi les autorités sanitaires régionales.

« Alors que la pandémie faisait des ravages dans le monde et que l’économie mondiale souffrait, deux des plus grandes sociétés de tabac au monde ont déclaré des bénéfices avant impôts de plus de 10 milliards de dollars chacune », a conclu le Dr Assunta. « Les gouvernements doivent tenir cette industrie responsable. Cette dernière ne doit pas être autorisée à se mêler des politiques. Il est temps que tous les pays interdisent les activités de RSE liées au tabac.

Veuillez contacter le service de presse de STOP pour de plus amples informations ou pour parler à un porte-parole de STOP.


À propos de STOP
STOP est un organisme de surveillance de l’industrie mondiale du tabac ayant pour mission d’exposer au grand jour les stratégies et tactiques de l’industrie du tabac qui nuisent à la santé publique. Financée par Bloomberg Philanthropies, STOP est une coalition de partenaires composée du Tobacco Control Research Group (groupe de recherche sur la lutte antitabac) de l’université de Bathdu Global Center for Good Governance in Tobacco Control (GGTC, centre mondial pour la bonne gouvernance en matière de lutte antitabac), de l’Union internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires (l’Union) et de Vital Strategies. Pour plus d’informations, consultez le site exposetobacco.org/fr.